Rêver au milieu du monde -Participation Pando(s)

Photographies : fête de lancement du projet le 21 juin 2021 au pré vert à Rabastens – ©Sonia Glasberg

Le cœur de ce projet réside dans la manière innovante de mailler le territoire et de réinventer l’action culturelle et la création artistique en lien avec notre implantation dans un tiers-lieu en zone rurale.

Nous souhaitons pratiquer l’infusion plutôt que la diffusion d’actions sur le territoire, inventer avec ses possibles, ses habitant.e.s en tant que résident.e.s et habitant.e.s de ce territoire également.

Projet «Rêver au milieu du monde» – cycle de créations Pando(s) : un projet pluriannuel artistique et culturel mené depuis 2021 sur le territoire du Tarn par la cie Nanaqui implantée au sein du tiers-lieu, le Pré vert à Rabastens (81).

A la suite du festival «Sauvageonnes! Fabrique des imaginaires et des agirs écoféministes» en 2020, nous souhaitions prolonger ses enjeux situés à l’intersection des imaginaires, de l’écologie, du politique, du genre, des communs, du soin, au sein d’un projet artistique à l’échelle locale.

Ce projet intitulé «Rêver au milieu du monde» se décline comme il suit :

  • Un programme d’actions culturelles à l’échelle du territoire autour de la création
  • Une création artistique évolutive et participative – cycle des Pando(s)
  • Des fêtes de saison sous forme de festivals aboutissement des actions culturelles, temps des créations, programmation autour des thématiques liées aux enjeux de la fête.

Il s’articule autour de la temporalité des saisons et du lien avec un territoire par le biais des imaginaires qui le parcourent et tissent des rapports avec lui hier et aujourd’hui.
Réenchanter notre relation au vivant, à la nature, au paysage, tisser des liens sociaux autour de ces questions, repenser la création artistique dans une perspective locale, participative.
Nous souhaitons investir le potentiel du local avec le désir de repenser nos rapports à nos lieux de vie, au vivant, au travail, à la vie en commun à travers la création artistique.

Les actions culturelles
La participation : Ce cycle de création au sein de ce projet de territoire repose sur la participation d’habitant.e.s et d’acteurs locaux à différentes échelles. Cette participation est l’essence même du projet.
Par le biais d’ateliers pluridisciplinaires, qui mêlent savoirs populaires, vernaculaires et pratiques artistiques, nous allons à la rencontre des habitant.e.s, des savoirs-faire, des mémoires, des imaginaires, des manières d’habiter un territoire.
Ces ateliers nous permettent de co-construire une participation à la création artistique qui ne relève ni de la pratique professionnelle ni de la pratique amateur.
Nous concevons cette participation comme une collaboration au processus de la création au coeur des imaginaires qui traversent un territoire (recherche, partage de savoirs …), mais également comme une tentative de réappropriation commune de ces imaginaires où se fabriquent de nouvelles fictions.


Pando(s) : une création cyclique
Pando(s) change de forme selon les lieux et les saisons, en gardant pour noyau le motif d’un rituel festif cathartique et la participation des habitant.e.s. Il s’agit d’un cycle de créations en contexte pour espace non dédiés, lié au fêtes de saisons.
Non plus un seul et unique objet artistique, un spectacle voué à la tournée, mais plusieurs créations en une, imprégnées par les lieux dans lesquels elle prendra place.
La question du rapport au temps y est centrale. Celui du cycle tellurique des saisons au sein duquel les moments importants de la vie sociale ainsi que les lieux étaient associés.
La finalité n’est plus seulement l’oeuvre comme « production », mais le processus partagé qui la produit : vivre une expérience. La dramaturgie est celle du rythme des saisons, des légendes liées à ses dernières, des histoires récoltées auprès des habitant.e.s, ce qui permet une forme de «recréation » et de stratification dans la répétition des phases d’un cycle.
Chacun des Pando est une célébration qui renoue avec l’antique catharsis, conçue comme un voyage pluriel sensible et imaginaire au coeur du paysage, des figures, des histoires des fêtes de saisons multiséculaires et du territoire.
Chaque fête solaire ou lunaire donne le ton et le contenu du spectacle-célébration. Sont convoqués Ours, Corbeau, Valkyrie, Fée des arbres, orchestre de ténèbres, Repos pour la saison sombre, Aigle, Soleil, Etoiles, Récolte pour l’été, autant d’activités, de personnages et d’entités hybrides qui ouvrent les portes de l’imaginaire racontant et renouvelant un rapport aux cycles de la vie.
Ces imaginaires dessinent encore aujourd’hui notre rapport au temps : celui du calendrier au rythme des solstices (été, hiver), des équinoxes (printemps, automne) et des fêtes païennes sécularisées. Ces fêtes, temps forts des changements des saisons, étaient l’occasion de célébrer la nature, de convoquer ses «esprits», de raconter ses transformations par le biais de fictions prenant la forme de figures hybrides, de légendes, d’événements à la croisée des mondes.
Elles fonctionnaient comme des rituels assurant la réciprocité des échanges avec les mondes non-humains.
De ce corpus fondamentalement inter-culturel, reposant sur l’oralité, sur des histoires écrites à même les lieux, traces d’une géographie oubliée, il ne nous reste que des bribes de récits recomposés, hybridés. Ce palimpseste de mémoires minorisées, raconte la complexité et l’extraordinaire richesse des manières d’habiter un même lieu.
«Manières d’être vivant» qui tissent des liens sensibles et affectifs au monde.


Note sur la question de l’oeuvre de collaboration
Pando est une oeuvre de collaboration dont le processus de travail est transversal et la notion d’auctorialité est plurielle.
Elle comprend la dramaturgie, l’écriture, la mise en scène, la scénographie, la composition musicale, mais également les apports créatifs des comédiennes en jeu, et des habitant.e.s, autour de séances de travail par-tagées en amont du travail de l’écriture et du travail au plateau.
Plus horizontale et plus large que la notion de distribution et plus précise que la notion d’oeuvre collective, cette définition permet une meilleure visibilité et lisibilité du travail commun qui mène à une oeuvre et pose comme principe le partage de son auctorialité.

La plurisciplinarité
La slow scénographie et les costumes conçus avec les habitant.e.s au coeur d’ateliers dédiés, constituent un des fondements de la dramaturgie ritualisée du spectacle. La scénographie compose avec les éléments du paysage et circonscrit un lieu autour de la figure archétypale du cercle, à la fois aire de jeu, calendrier solaire, aire de rituel de passage, figure du cycle et de la révolution terrestre.
La pluridisciplinarité permet l’interaction de plusieurs registres de discours et d’esthétiques.
La mise en scène et le texte composent une écriture à la fois géographique, archéologique et magique.
L’esthétique circassienne du clown, figure ambigue invite par le rire à franchir les barrières : dans de nombreuses traditions le clown est une figure, sociale, politique et sacrée qui endosse le rôle d’intercesseur entre les mondes. La composition musicale personnifie les lieux, crée des fictions (ritournelles, contes, légendes…) qui tissent une véritable géographie sensible en réenchantant les lieux.


Les fêtes
Les fêtes sont le moment où nous créons chaque Pando(s). La création constitue le centre de la fête. Autour de celle-ci des ateliers partcipatifs sont mis en place afin de faire participer le public, des conférences, et toute une programmation pluridisciplinaire liée aux questions de nos rapports avec le vivant, l’animal, la mémoire des territoires, avec la mort, les cultures minorisées …

Partenaires et soutiens
La compagnie Nanaqui est financée au titre de ce projet par :
L’ANCT, La DRAC Occitanie, la Région Occitanie, l’ADDA 81, le département du Tarn, la communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet, la Ville de Graulhet, la Ville de Rabastens, la Mission Locale Tarn Sud, la Spédidam, le Pré vert tiers-lieu à Rabastens, le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse et les Jardins du Muséum.

Ces partenaires sont :
La Ville de Gaillac, les Francas Loisirs, l’association Lou Mercat, le GEM à Gaillac, le centre social de Graulhet, l’Uzine, le festival Rues d’été et Biques Technick Conseil à Graulhet, L’association Ode à soi à Couffouleux, la librairie La confiserie, la Fourmilère à Rabastens, la Ville de Parisot, la Radio R d’Autan.