… Rien que le monde

A partir du récit de vie de Kaman Camara, un homme de 36 ans arrivé de sa Côte d’Ivoire natale en France à l’âge de 15 ans et ayant connu l’échec scolaire et la clandestinité, la pièce, … Rien que le monde, interroge les valeurs universelles qui sont le ciment de notre société. Au fur et à mesure de la pièce, cette parole devient le prisme du monde dans lequel nous vivons, avec les contradictions qui l’aimantent et qui construisent les individus que nous sommes. Par le biais d’une écriture à la fois témoignage et poétique, elle questionne le rôle de l’art, du théâtre qui portent la « voix » de l’autre. Une « voix » où surgit une fiction : celle de la figure construite et admise de « l’étranger ». Une fiction qui pose aussi la question de la liberté et des enjeux de la rencontre du théâtre.

Revue de presse

 

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photographies : Fabien Le Prieult / Visages vagabonds et Christophe Trouilhet / Photolosa

Notes d’intention :

« Le désir de l’écriture de … Rien que le monde est né de plusieurs questions, et notamment de celle de notre représentation aujourd’hui.
Plus que de chercher à représenter une situation par le biais d’une intrigue ou d’un récit à plusieurs personnages, j’ai pensé me servir simplement de la possibilité énorme et unique qu’offre le théâtre : une rencontre, une adresse, une prise de parole que l’on ne peut ni différer ni interrompre.
Le théâtre est à l’image de la chose la plus quotidienne et la plus répétée qui soit et à laquelle nous ne pouvons donner une signification : une rencontre. Il est à la mesure d’une vie, contingent, et singulier : il passe, il est voué à disparaître. Cette pièce s’attachera à tirer la force de la fragilité de ce geste, dans ce qui est aujourd’hui notre lieu commun : le monde, rien que le monde. Ces rencontres qui jalonnent notre quotidien sont inévitables parce qu’elles constituent notre vie d’homme. Des rencontres, il s’en produit tous les jours, certainement parce que nous nous constituons à présent dans une perspective d’échanges, de rapports continus au-delà des contraintes de temps, de distances, de cultures et de frontières. Le processus de la mondialisation entre complètement dans la construction des sujets que nous sommes. Et un de ses paradoxes est que l’on entend aussi bien parler aujourd’hui de « société de masses » où chaque individu s’équivaut et disparaît dans l’océan d’une pensée uniforme, et d’individus autonomes, libres, égaux qui régissent leur vie dans une perspective propre. Au cœur de ce paradoxe, il y a la démocratie, une forme de gouvernance qui s’étend de manière mondiale, avec le concept de l’humanité qui la sous-tend. L’humanité n’est pas la somme des individus, mais bien l’idée que chaque personne humaine représente l’humanité tout entière parce qu’elle est détentrice d’une valeur incalculable.
J’ai souhaité partir de là, de l’individu, de la singularité, non pas en tant qu’universel, mais depuis cet incalculable, cet inimaginable qu’est l’autre, un être à chaque fois unique. Ensuite ma question a été « qui parle ? ». J’ai pensé à un individu qui se situe à la croisée de plusieurs mondes et aussi que l’on estime incapable de parler sinon depuis son état de victime qui constituerait sa légitimité.
Nous sommes paralysés par le mythe narcissique, à la généalogie multiple, de « la fin de notre civilisation », qui signe surtout la fin de notre hégémonie, et nous nous retrouvons face au dernier cercle de l’humanité, qui lui est resté dans la « grande nuit » de l’histoire. La mondialisation est ici l’envers de l’universalisme occidental, où l’universalité n’est réservée qu’au premier cercle de l’humanité.
Cet homme hérite de cette « grande nuit », du « moment au cours duquel des hommes, arrachés de la terre, au sang et au sol, apprennent à imaginer des communautés au-delà des liens du sol, sortent du confort de la répétition (…) Dans ces conditions « rentrer en soi », c’est d’abord « sortir de soi », sortir de la nuit de l’identité ».
Kaman ne parle pas comme une victime, mais comme une sorte de prophète dont l’exode nous fait sortir de nous-même. Les prophéties apportent toutes leurs lots de désordres. Le mondial avec sa complexité, son chaos, nous fait face au cœur de ce qui pour nous est le lieu d’un universel : une œuvre d’art. »

 

… Rien que le monde

Textes : Céline Astrié à partir du récit/témoignage de Kaman Camara, Marie-Charlotte Biais
Mise en scène et vidéo : Céline Astrié
Musique : Christophe Ruetsch
Collaboration artistique : Marcelino Martin-Valiente

Scénographie : Céline Astrié et Xavier Lefrançois
Lumières : Xavier Lefrançois
Régisseur technique : Alberto Burnichon

Avec : Céline Astrié, Marie-Charlotte Biais, Kaman Camara
Attachée de production : Magali Maria
Technique et administration : Stéphane Vidal

Production : Nanaqui
Co-production : Le Ring / scènes périphériques à Toulouse, l’espace Appia/Scène contemporaine, à Anglars-Juillac.
Partenaires : Mix’art Myrys à Toulouse, Le centre d’animation de la Reynerie à Toulouse, TO7, La Fabrique de l’université Toulouse Jean Jaurès.
Prêt de salle : le Théâtre national de Toulouse
Soutiens : la DRAC Midi-Pyrénées, la Région Midi-Pyrénées, le Conseil Général 31, la Spedidam
Mécénat : Fondation SNCF/coup de coeur solidaire

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